Guide de la mise en cache

Ce document complète la documentation de référence des modules mod_cache, mod_cache_disk, mod_file_cache et du programme htcacheclean. Il décrit l'utilisation des fonctionnalités de mise en cache du serveur HTTP Apache pour accélérer les services web et proxy, tout en évitant les problèmes courants et les erreurs de configuration.

Introduction

Depuis la version 2.2 du serveur HTTP Apache, les modules mod_cache et mod_file_cache ne sont plus jugés expérimentaux et on considère qu'ils peuvent être utilisés en production. Ces architectures de mise en cache constituent un puissant concept d'accélération de la gestion HTTP, tant comme serveur web originel que comme mandataire.

Le module mod_cache et son module de soutien mod_cache_disk permettent une mise en cache intelligente du point de vue HTTP. Le contenu proprement dit est stocké dans le cache, et mod_cache tente d'honorer tous les en-têtes HTTP et les options qui définissent la possibilité de mise en cache du contenu. Il gère non seulement le contenu local, mais aussi le contenu mandaté. mod_cache est conçu pour des configurations de mise en cache simples ou complexes, dans lesquels vous traitez de contenu mandaté, de contenu local dynamique ou avez besoin d'accélérer l'accès à des fichiers locaux qui sont modifiés au cours du temps.

Le module mod_file_cache quant à lui, constitue une forme de mise en cache plus basique, mais quelques fois intéressante. Plutôt que de gérer la complexité de s'assurer de manière active de la possibilité de mise en cache d'URLs, mod_file_cache fournit des méthodes pour la gestion et l'édition de fichiers en mémoire afin de maintenir un cache de fichiers dans l'état où ils étaient la dernière fois qu'httpd a démarré. En tant que tel, mod_file_cache a été conçu pour améliorer le temps d'accès à des fichiers locaux statiques qui ne sont modifiés que rarement.

Etant donné que mod_file_cache constitue une implémentation de mise en cache relativement simple, mises à part les sections spécifiques sur les directives CacheFile et MMapFile, les explications fournies dans ce guide concernent l'architecture de mise en cache du module mod_cache.

Pour tirer parti efficacement de ce document, les bases de HTTP doivent vous être familières, et vous devez avoir lu les sections Mise en correspondance des URLs avec le système de fichiers et Négociation sur le contenu du guide de l'utilisateur.

Vue d'ensemble de la mise en cache mod_cache mod_cache_disk mod_file_cache CacheEnable CacheDisable CacheFile MMapFile UseCanonicalName CacheNegotiatedDocs

mod_cache peut faire intervenir deux phases principales pendant la durée de vie d'une requête. En premier lieu, mod_cache est un module de mise en correspondance d'URLs, ce qui signifie que si une URL a été mise en cache, et que la version du cache de cette URL n'est pas arrivée à expiration, la requête sera traitée directement par mod_cache.

Ceci entraîne que toutes autres actions qui se dérouleraient normalement au cours du processus de traitement d'une requête -- par exemple un traitement effectué par mod_proxy, ou mod_rewrite -- ne seront pas effectuées. Mais c'est justement l'intérêt de la mise en cache préalable du contenu.

Si l'URL ne se trouve pas dans le cache, mod_cache va ajouter un filtre au traitement de la requête. Une fois le contenu localisé par httpd selon la conception courante, le filtre sera exécuté en même temps que le contenu sera servi. S'il est déterminé que le contenu peut être mis en cache, il sera sauvegardé dans le cache pour une utilisation future.

Si l'URL se trouve dans le cache, mais est arrivée à expiration, le filtre est quand-même ajouté, mais mod_cache va créer une requête conditionnelle en arrière-plan, pour déterminer si la version du cache est encore à jour. Si la version du cache est encore à jour, ses meta-informations seront mises à jour et la requête sera servie à partir du cache. Si la version du contenu n'est plus à jour, elle sera supprimée et le filtre va sauvegarder le contenu mis à jour dans le cache au moment où il sera servi.

Amélioration du taux de présence dans le cache

Lors de la mise en cache de contenu généré localement, le positionnement de la directive UseCanonicalName à On peut améliorer de manière spectaculaire le taux de présence dans le cache. Ceci est du au fait que le nom d'hôte de l'hôte virtuel qui sert le contenu constitue une partie de la clé de cache. Avec UseCanonicalName positionnée à On, les hôtes virtuels possédant plusieurs noms de serveur ou alias ne généreront pas d'entités de cache différentes, et le contenu sera mis en cache en faisant référence au nom d'hôte canonique.

Les documents mis en cache ne seront servis qu'en réponse à des requêtes de type URL, car la mise en cache est effectuée lors de la phase de traduction de l'URL en nom de fichier. En général, cela n'a que peu d'effet, à moins que vous n'utilisiez les Inclusions Côté Serveur (SSI);

<!-- L'inclusion suivante peut être mise en cache -->
<!--#include virtual="/footer.html" -->

<!-- L'inclusion suivante ne peut pas être mise en cache -->
<!--#include file="/path/to/footer.html" -->

Si vous utilisez les SSI, et voulez bénéficier de la vitesse de service depuis le cache, vous devez utiliser des inclusions de type virtual.

Périodes d'expiration

La période d'expiration par défaut pour les entités du cache est d'une heure; elle peut cependant être facilement modifiée à l'aide de la directive CacheDefaultExpire. Cette valeur par défaut n'est utilisée que lorsque la source originale du contenu ne précise pas de période d'expiration ou d'heure de dernière modification.

Si une réponse ne contient pas d'en-tête Expires mais inclut un en-tête Last-Modified, mod_cache peut déduire une période d'expiration en se basant sur la valeur de la directive CacheLastModifiedFactor.

La période d'expiration des contenus locaux peut être ajustée finement en utilisant le module mod_expires.

On peut aussi contrôler la période d'expiration maximale en utilisant la directive CacheMaxExpire.

Guide succinct des requêtes conditionnelles

Lorsqu'un contenu est arrivé à expiration dans le cache et fait l'objet d'une nouvelle demande d'accès, plutôt que traiter directement la requête originale, httpd préfère utiliser une requête conditionnelle.

HTTP propose toute une panoplie d'en-têtes qui permettent à un client, ou au cache de distinguer les différentes versions d'un même contenu. Par exemple, si une ressource a été servie avec un en-tête "Etag:", il est possible de créer une requête conditionnelle contenant un en-tête "If-None-Match:". Si une ressource a été servie avec un en-tête "Last-Modified:", il est possible de créer une requête conditionnelle contenant un en-tête "If-Modified-Since:", etc....

Lorsqu'une telle requête conditionnelle est créée, la reponse diffère selon que le contenu satisfait ou non aux conditions. Si une requête est créée avec un en-tête "If-Modified-Since:", et le contenu n'a pas été modifié depuis le moment indiqué dans la requête, alors un laconique "304 Not Modified" est retourné.

Si le contenu a été modifié, il est servi comme si la requête n'avait pas été conditionnelle à l'origine.

Les bénéfices des requêtes conditionnelles pour ce qui concerne la mise en cache sont de deux sortes. Premièrement, quand une telle requête est envoyée au processus en arrière-plan, il sera aisé de déterminer si le contenu que devra servir le processus en arrière-plan correspond au contenu stocké dans le cache, sans être obligé de transmettre la totalité de la ressource.

Deuxièmement, les requêtes conditionnelles sont en général moins coûteuses en ressources pour le processus en arrière-plan. Pour ce qui est des fichiers statiques, l'action type est un appel à stat() ou un appel système similaire, pour déterminer si la taille du fichier ou sa date de modification ont changé. Ainsi, même si httpd met en cache le contenu local, un contenu arrivé à expiration pourra être servi plus rapidement depuis le cache s'il n'a pas été modifié, parce que la lecture depuis le cache est plus rapide que la lecture depuis le processus en arrière-plan (à comparer à la différence de vitesse entre la lecture depuis un cache en mémoire avec mod_cache_disk et la lecture depuis un disque).

Que peut-on mettre en cache ?

Comme mentionné plus haut, les deux styles de mise en cache de httpd fonctionnent différemment; la mise en cache de mod_file_cache conserve les contenus des fichiers tels qu'ils étaient au démarrage de httpd. Quand une requête pour un fichier mis en cache par ce module est envoyée, elle est interceptée et le fichier mis en cache est servi.

La mise en cache de mod_cache, quant à elle, est plus complexe. Lors du traitement d'une requête, le module de mise en cache déterminera si le contenu peut être mis en cache, s'il ne l'a pas déjà été auparavant. Les conditions qui permettent de déterminer la possibilité de mise en cache d'une réponse sont :

  1. La mise en cache doit être activée pour cette URL. Voir les directives CacheEnable et CacheDisable.
  2. La reponse doit avoir un code de statut HTTP de 200, 203, 300, 301 ou 410.
  3. La requête doit être de type HTTP GET.
  4. Si la requête contient un en-tête "Authorization:", la réponse ne sera pas mise en cache.
  5. Si la réponse contient un en-tête "Authorization:", elle doit aussi contenir une option "s-maxage", "must-revalidate" ou "public" dans l'en-tête "Cache-Control:".
  6. Si l'URL contient une chaîne de requête (provenant par exemple d'une méthode GET de formulaire HTML), elle ne sera pas mise en cache, à moins que la réponse ne spécifie explicitement un délai d'expiration via un en-tête "Expires:" ou une directive max-age ou s-maxage de l'en-tête "Cache-Control:" comme indiqué dans les sections 13.2.1. et 13.9 de la RFC2616.
  7. Si la réponse a un statut de 200 (OK), elle doit aussi contenir au moins un des en-têtes "Etag", "Last-Modified" ou "Expires", ou une directive max-age ou s-maxage de l'en-tête "Cache-Control:", à moins que la directive CacheIgnoreNoLastMod ne précise d'autres contraintes.
  8. Si la réponse contient l'option "private" dans un en-tête "Cache-Control:", elle ne sera pas mise en cache à moins que la directive CacheStorePrivate ne précise d'autres contraintes.
  9. De même, si la réponse contient l'option "no-store" dans un en-tête "Cache-Control:", elle ne sera pas mise en cache à moins que la directive CacheStoreNoStore n'ait été utilisée.
  10. Une réponse ne sera pas mise en cache si elle comporte un en-tête "Vary:" contenant le caractère "*" qui correspond à toute chaîne de caractères.
Qu'est ce qui ne doit pas être mis en cache ?

En bref, tout contenu qui varie beaucoup avec le temps, ou en fonction de particularités de la requête qui ne sont pas couvertes par la négociation HTTP, ne doit pas être mis en cache.

Un contenu dynamique qui varie en fonction de l'adresse IP du demandeur, ou est modifié toutes les 5 minutes, ne devra en général pas être mis en cache.

Si par contre le contenu servi diffère en fonction de la valeur de divers en-têtes HTTP, il se peut que l'on puisse le mettre en cache intelligemment en utilisant un en-tête "Vary".

Contenu variable et/ou négocié

Si mod_cache reçoit une réponse contenant un en-tête "Vary", lorsqu'un contenu a été demandé par un processus d'arrière-plan, il va s'efforcer de la traiter intelligemment. Si possible, mod_cache va détecter les en-têtes attribués dans la réponse "Vary" à l'occasion des futures demandes, et servir une réponse correcte à partir du cache.

Si par exemple, une réponse est reçue avec l'en-tête Vary suivant,

Vary: negotiate,accept-language,accept-charset

mod_cache ne servira aux demandeurs que le contenu mis en cache qui correspond au contenu des en-têtes accept-language et accept-charset de la requête originale.

Considérations sur la sécurité
Autorisation et contrôle d'accès

Utiliser mod_cache revient sensiblement à la même chose qu'avoir un mandataire inverse intégré (reverse-proxy). Les requêtes seront servies par le module de mise en cache sauf si ce dernier détermine qu'un processus d'arrière-plan doit être appelé. La mise en cache de ressources locales modifie considérablement le modèle de sécurité de httpd.

Comme le parcours de la hiérarchie d'un système de fichiers pour examiner le contenu d'éventuels fichiers .htaccess serait une opération très coûteuse en ressources, annulant partiellement de ce fait l'intérêt de la mise en cache (accélérer le traitement des requêtes), mod_cache ne se préoccupe pas de savoir s'il a l'autorisation de servir une entité mise en cache. En d'autres termes, si mod_cache a mis en cache un certain contenu, ce dernier sera servi à partir du cache tant qu'il ne sera pas arrivé à expiration.

Si par exemple, votre configuration autorise l'accès à une ressource en fonction de l'adresse IP, vous devez vous assurer que ce contenu n'est pas mis en cache. Ceci est possible en utilisant la directive CacheDisable, ou le module mod_expires. Livré à lui-même, mod_cache - pratiquement comme un mandataire inverse - mettrait en cache le contenu lors de son service, et le servirait ensuite à tout client, vers n'importe quelle adresse IP.

Piratages locaux

Etant donné que les requêtes des utilisateurs finaux peuvent être servies depuis le cache, ce dernier est une cible potentielle pour ceux qui veulent défigurer un contenu ou interférer avec lui. Il est important de garder à l'esprit que l'utilisateur sous lequel tourne httpd doit toujours avoir l'accès en écriture dans le cache. Ceci est en contraste total avec la recommandation usuelle d'interdire à l'utilisateur sous lequel tourne Apache l'accès en écriture à tout contenu.

Si l'utilisateur sous lequel tourne Apache est compromis, par exemple à cause d'une faille de sécurité dans un processus CGI, il est possible que le cache fasse l'objet d'une attaque. Il est relativement aisé d'insérer ou de modifier une entité dans le cache en utilisant le module mod_cache_disk.

Cela représente un risque relativement élévé par rapport aux autres types d'attaques qu'il est possible de mener sous l'utilisateur apache. Si vous utilisez mod_cache_disk, vous devez garder ceci à l'esprit : effectuez toujours les mises à jour de httpdquand des correctifs de sécurité sont annoncés et exécutez les processus CGI sous un utilisateur autre qu'apache en utilisant suEXEC dans la mesure du possible.

Empoisonnement du cache (Cache Poisoning)

Si vous utilisez httpd comme serveur mandataire avec mise en cache, vous vous exposez aussi à un éventuel "Empoisonnement du cache" (Cache poisoning). L'empoisonnement du cache est un terme général pour désigner les attaques au cours desquelles l'attaquant fait en sorte que le serveur mandataire renvoie à un contenu incorrect (et souvent indésirable) suite à en provenance du serveur d'arrière-plan.

Par exemple, si les serveur DNS qu'utilise votre système où tourne httpd sont vulnérables à l'empoisonnement du cache des DNS, un attaquant pourra contrôler vers où httpd se connecte lorsqu'il demande un contenu depuis le serveur d'origine. Un autre exemple est constitué par les attaques ainsi nommées "Dissimulation de requêtes HTTP" (HTTP request-smuggling).

Ce document n'est pas le bon endroit pour une discussion approfondie à propos de la Dissimulation de requêtes HTTP (utilisez plutôt votre moteur de recherche favori); il est cependant important de savoir qu'il est possible d'élaborer une série de requêtes, et d'exploiter une vulnérabilité d'un serveur web d'origine de telle façon que l'attaquant puisse contrôler entièrement le contenu renvoyé par le mandataire.

Mise en cache de la gestion de fichier mod_file_cache CacheFile

Le fait d'ouvrir un fichier peut en lui-même introduire un délai, en particulier dans les systèmes de fichiers répartis sur le réseau. httpd peut s'affranchir de ce délai en maintenant un cache des descripteurs de fichiers ouverts pour ce qui concerne les fichiers souvent accédés. httpd propose actuellement une implémentation de mise en cache de la gestion de fichier.

Directive CacheFile

La forme la plus élémentaire de mise en cache que propose httpd est fournie par le module mod_file_cache. Plutôt que de mettre en cache le contenu des fichiers, ce cache maintient une table des descripteurs de fichiers ouverts. Les fichiers à mettre en cache de cette manière sont spécifiés dans le fichier de configuration en utilisant la directive CacheFile.

La directive CacheFile demande à httpd d'ouvrir le fichier lors de son démarrage et de réutiliser le descripteur de fichier élaboré à cette occasion pour tous les accès ultérieurs à ce fichier.

CacheFile /usr/local/apache2/htdocs/index.html

Si vous avez l'intention de mettre en cache un grand nombre de fichiers de cette manière, vous devez vous assurer que le nombre maximum de fichiers ouverts par votre système d'exploitation est correctement défini.

Bien que l'utilisation de la directive CacheFile n'entraîne pas la mise en cache du contenu du fichier, cela ne signifie pas qu'en cas de modification du fichier pendant l'exécution de httpd, ces changements seront pris en compte. Le fichier sera toujours servi dans l'état où il était quand httpd a démarré.

Si le fichier est supprimé pendant l'exécution de httpd, ce dernier continuera à maintenir un descripteur de fichier ouvert et à servir le fichier dans l'état où il était quand httpd a démarré. Cela signifie aussi habituellement que malgré le fait que le fichier ait été supprimé, et ne soit plus accessible par le système de fichiers, l'espace libéré ne sera restitué qu'à l'arrêt de httpd quand le descripteur de fichier sera fermé.

Mise en cache en mémoire mod_file_cache CacheEnable CacheDisable MMapFile

Servir un contenu directement depuis la mémoire système est universellement reconnu comme la méthode la plus rapide. Lire des fichiers depuis un contrôleur de disque ou pire, depuis un réseau distant est plus lent de plusieurs ordres de grandeur. Les contrôleurs de disque réalisent en général des opérations mécaniques, et l'accès au réseau est limité par la bande passante dont vous disposez. Par contre, les temps d'accès à la mémoire sont de l'ordre de la nano-seconde.

Cependant la mémoire système n'est pas bon marché; à capacité égale, c'est de loin le type de stockage le plus coûteux et il est important de s'assurer qu'elle est utilisée efficacement. Le fait de mettre en cache des fichiers en mémoire diminue d'autant la quantité de mémoire système disponible. Comme nous le verrons plus loin, ce n'est pas un problème en soi dans le cas de la mise en cache par l'intermédiaire du système d'exploitation, mais si l'on utilise la mise en cache en mémoire propre à httpd, il faut prendre garde à ne pas allouer trop de mémoire au cache. Sinon le système sera contraint d'utiliser le swap, ce qui dégradera sensiblement les performances.

Mise en cache par l'intermédiaire du système d'exploitation

Dans la plupart des systèmes d'exploitation modernes, c'est le noyau qui gère directement la mise en cache en mémoire des données relatives aux fichiers. C'est une fonctionnalité puissante, et les systèmes d'exploitation s'en acquittent fort bien pour la plus grande partie. Considérons par exemple, dans le cas de Linux, la différence entre le temps nécessaire à la première lecture d'un fichier et le temps nécessaire à sa deuxième lecture;

colm@coroebus:~$ time cat testfile > /dev/null
real    0m0.065s
user    0m0.000s
sys     0m0.001s
colm@coroebus:~$ time cat testfile > /dev/null
real    0m0.003s
user    0m0.003s
sys     0m0.000s

Même pour ce petit fichier, il y a une grande différence entre les temps nécessaires pour lire le fichier. Ceci est du au fait que le noyau a mis en cache le contenu du fichier en mémoire.

Du fait de toujours pouvoir disposer de mémoire système, vous pouvez être assuré qu'il y aura de plus en plus de contenus de fichiers stockés dans ce cache. Ceci peut s'avérer une méthode de mise en cache en mémoire très efficace, et ne nécessite aucune configuration supplémentaire de httpd.

De plus, comme le système d'exploitation sait si des fichiers ont été supprimés ou modifiés, il peut effacer automatiquement des contenus de fichiers du cache lorsque cela s'avère nécessaire. Ceci constitue un gros avantage par rapport à la mise en cache en mémoire de httpd qui n'a aucune possibilité de savoir si un fichier a été modifié.

En dépit des performances et des avantages de la mise en cache automatique par le système d'exploitation, la mise en cache en mémoire peut être effectuée plus efficacement par httpd dans certaines circonstances.

Mise en cache à l'aide de la directive MMapFile

La directive MMapFile fournie par le module mod_file_cache vous permet de demander à httpd de charger un contenu de fichier statique en mémoire lors de son démarrage (à l'aide de l'appel système mmap). httpd utilisera le contenu chargé en mémoire pour satisfaire ultérieurement toutes les demandes d'accès à ce fichier.

MMapFile /usr/local/apache2/htdocs/index.html

Comme dans le cas de la directive CacheFile, toute modification du fichier ne sera plus prise en compte par httpd une fois ce dernier démarré.

La directive MMapFile ne gardant pas la trace de la quantité de mémoire qu'elle alloue, vous devez prendre garde de ne pas en abuser. Chaque processus enfant de httpd utilisant sa propre réplique de la mémoire allouée, il est donc d'une importance critique de s'assurer que les fichiers chargés ne sont pas d'une taille trop importante afin d'épargner au système l'utilisation du swap.

Mise en cache sur disque mod_cache_disk CacheEnable CacheDisable

Le module mod_cache_disk fournit un mécanisme de mise en cache sur disque au module mod_cache. Cette mise en cache est intelligente et le contenu ne sera servi qu'à partir du cache tant qu'il sera considéré comme valide.

Typiquement, le module sera configuré comme suit :

CacheRoot /var/cache/apache/
CacheEnable disk /
CacheDirLevels 2
CacheDirLength 1

Il est important de savoir que, les fichiers mis en cache étant stockés localement, la mise en cache par l'intermédiaire du système d'exploitation sera en général aussi appliquée à leurs accès. Si bien que même si les fichiers sont stockés sur disque, s'il font l'objet d'accès fréquents, il est probable que le système d'exploitation s'appliquera à ce qu'ils soient servis à partir de la mémoire.

Comprendre le stockage dans le cache

Pour stocker des entités dans le cache, le module mod_cache_disk crée une empreinte (hash) de 22 caractères de l'URL qui a fait l'objet d'une requête. Cette empreinte comprend le nom d'hôte, le protocole, le port, le chemin et tout argument de type CGI associé à l'URL, afin d'être sur que plusieurs URLs n'interfèrent pas entre elles.

Chaque position de l'empreinte peut contenir un caractère choisi parmi 64 caractères différents, il y a donc 64^22 possibilités pour une empreinte. Par exemple, une URL peut posséder l'empreinte xyTGxSMO2b68mBCykqkp1w. Cette empreinte est utilisée pour préfixer les noms de fichiers spécifiques à cette URL à l'intérieur du cache; cependant, elle est tout d'abord placée dans les répertoires du cache selon les directives CacheDirLevels et CacheDirLength.

La directive CacheDirLevels définit le nombre de niveaux de sous-répertoires, et CacheDirLength le nombre de caractères composant le nom des sous-répertoires. Dans l'exemple donné plus haut, l'empreinte se trouvera à : /var/cache/apache/x/y/TGxSMO2b68mBCykqkp1w.

Cette technique a pour but principal de réduire le nombre de sous-répertoires ou de fichiers contenus dans un répertoire particulier, car le fonctionnement de la plupart des systèmes de fichiers est ralenti quand ce nombre augmente. Avec la valeur "1" pour la directive CacheDirLength, il peut y avoir au plus 64 sous-répertoires à un niveau quelconque. Avec la valeur "2", il peut y en avoir 64 * 64, etc... A moins d'avoir une bonne raison pour ne pas le faire, l'utilisation de la valeur "1" pour la directive CacheDirLength est recommandée.

Le paramétrage de la directive CacheDirLevels dépend du nombre de fichiers que vous pensez stocker dans le cache. Avec une valeur de "2" comme dans l'exemple donné plus haut, 4096 sous-répertoires peuvent être créés au total. Avec 1 million de fichiers dans le cache, cela équivaut à environ 245 URLs mises en cache dans chaque répertoire.

Chaque URL nécessite au moins deux fichiers dans le cache. Ce sont en général un fichier ".header", qui contient des meta-informations à propos de l'URL, comme la date de son arrivée à expiration, et un fichier ".data" qui est la copie exacte du contenu à servir.

Dans le cas d'un contenu négocié via l'en-tête "Vary", un répertoire ".vary" sera créé pour l'URL en question. Ce répertoire contiendra de multiples fichiers ".data" correspondant aux différents contenus négociés.

Maintenance du cache sur disque

Bien que le module mod_cache_disk supprime un contenu du cache lorsqu'il est arrivé à expiration, il ne maintient aucune information à propos de la taille totale du cache ou de l'espace restant disponible.

Par contre l'utilitaire htcacheclean fourni avec httpd vous permet, comme son nom l'indique, de nettoyer le cache périodiquement. Déterminer la fréquence à laquelle lancer htcacheclean et la taille souhaitée pour le cache est une tâche relativement complexe et il vous faudra de nombreux essais et erreurs pour arriver à sélectionner des valeurs optimales.

htcacheclean opère selon deux modes. Il peut s'exécuter comme démon résident, ou être lancé périodiquement par cron. htcacheclean peut mettre une heure ou plus pour traiter de très grands caches (plusieurs dizaines de Gigaoctets) et si vous l'exécutez à partir de cron, il vous est conseillé de déterminer la durée typique d'un traitement, afin d'éviter d'exécuter plusieurs instances à la fois.


Figure 1: Croissance typique du cache / séquence de nettoyage.

Comme mod_cache_disk ne tient pas compte de l'espace utilisé dans le cache, vous devez vous assurer que htcacheclean est configuré de façon à laisser suffisamment d'"espace de croissance" à la suite d'un nettoyage.